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Photo du rédacteurDavid Leboeuf

Il faut sauver le Capitaine Sakic


Joe Sakic des Nordiques de Quebec  tentant de marquer contre Patrick Roy des Canadiens de Montreal, Toile créé par l'artiste Eric Sevigny
Avant de devenir coéquipiers, Joe Sakic et Patrick Roy ont été impliqués dans la rivalité opposant les Canadiens de Montréal et les Nordiques de Québec, deux équipes de la LNH

Une histoire digne d'un film américain pour sauver Sakic

Qui que nous soyons, où que nous nous tenions en ce moment précis, nul ne peut prédire la portée d'aucune de ses actions. Parfois, nous tentons un grand coup d'éclat qui se résulte un coup d'épée dans l'eau. Inversement, parfois nous posons un geste sans aucune attente précise et cette action s'avère finalement changer des vies.


 C'est un peu ce qui s'est passé lorsqu'en 1997 une compagnie de divertissement aux prises avec de graves ennuis financiers a lancé le film "Air Force One" mettant en vedette Harrison Ford. Sans le savoir, elle a changé le cours de l'histoire du hockey.


Cette histoire, aussi invraisemblable que bien réelle, est celle que raconte le documentaire "Saving Sakic", disponible depuis le 22 avril 2024 sur la plateforme Amazon Prime. En 1997, entre les deux Coupes Stanley subséquentes des Red Wings de Détroit, se tramait dans la pénombre l'une des plus grandes sagas de l'histoire de la Ligue nationale de hockey. Les Rangers de New York, vainqueurs de la Coupe Stanley en 1994, assistaient impuissants au départ de leur capitaine, Mark Messier, ironiquement au profit de ceux qu'ils avaient vaincus en grande finale de la Coupe Stanley de 1994, les Canucks de Vancouver. Les Blueshirts, comme se font appeler les Rangers, se retrouvaient donc avec une brèche importante à colmater, celle du capitaine mais surtout celle d'un futur membre du Temple de la renommée du hockey.


Pour pallier cette perte considérable, Dave Checketts, le président du Madison Square Garden, et Neil Smith, le directeur général des Rangers de New-York, ont alors jeté leur dévolu sur un autre Capitaine et futur membre du Temple de la renommée du hockey.


Joe Sakic.


Sans le savoir, l'histoire à succès du film américain Air Force One a donné lieu à une histoire tout aussi enlevante, celle qui a permis de garder le Capitaine Joe Sakic avec l'Avalanche du Colorado.


Un vol tenté en plein jour


Les deux dirigeants basés dans la Grosse Pomme, comme est souvent appelée la ville de New-York n'y sont pas allés de main morte en offrant un contrat de 21 millions de dollars pour trois ans avec un bonus de 15 millions de dollars à la signature. Encore aujourd'hui, plusieurs joueurs ne gagnent pas ce salaire. Imaginez maintenant ces chiffres mirobolants avec vos yeux de 1997. C'était ahurissant comme pactole. Comble de malheur, c'est complexe à imaginer alors que l'Avalanche du Colorado a remporté la Coupe Stanley en 1996, mais à l'époque l'équipe ne roulait pas sur l'or. Loin de là. Au terme de l'année 1996, la concession fraîchement arrivée de Québec en 1995 alors qu'elle était connue comme

les Nordiques de Québec accusait un déficit de 6 millions de dollars.


C'est toujours à ce moment qu'une richissime équipe tente de vous dérober votre joueur de concession.

C'est alors que l'impensable se produisit.


Harrison Ford sauva le président américain... et Joe Sakic

À l'époque, l'équipe menée par les: Peter Forsberg, Patrick Roy, Adam Foote et évidemment Joe Sakic appartenait à la compagnie multinationale Comsat. En 1996, la compagnie qui a cessé ses activités en 2007 a cédé 80% de ses actifs à sa filiale spécialisée dans le divertissement, Ascent. Cependant, ironiquement comme pour l'Avalanche les revenus étaient pris dans une pente descendante.

Il fallait absolument une grande entrée d'argent pour remonter la pente, pour ne pas être emporté par l'avalanche de dettes.


C'est alors que fut lancé le célèbre film dont l'intrigue se déroule autour de l'avion présidentiel des États-Unis d'Amérique. Non seulement le film s'avéra rentable, mais les profits ont permis à la direction de l'Avalanche du Colorado d'égaler l'offre des Rangers de New-York pour ainsi garder leur: prodige, capitaine et âme de l'équipe. Plus encore, les retombées économiques du film à succès ont permis de bâtir un nouvel amphithéâtre, le Pepsi Center, car le domicile précédent de l'Avalanche, le McNichols Arena ne répondait plus aux besoins d'une concession de la Ligue nationale de hockey au tournant du nouveau millénaire.


Ce coup de théâtre digne d'un scénario de film américain a néanmoins permis à Joe Sakic de passer la totalité de sa carrière avec l'équipe qui l'a repêché en 1987. Sakic accrocha ses patins en 2009, mais surtout après deux Coupes Stanley puisqu'il l'a à nouveau gagnée en 2001.

Au cours de sa carrière, il marqua 625 buts et récolta 1016 mentions d'aide en 1378 matchs. Il est encore à ce jour le meneur dans l'histoire de la concession en ce qui concerne : les buts, les mentions d'aide et les points.


Tout est bien qui finit bien

Il s'en est fallu de peu pour qu'un cataclysme d'une magnitude insoupçonnée secoue la planète hockey de manière irrémédiable, mais comme les: Steve Yzerman avec les Red Wings de Detroit, Mario Lemieux avec les Penguins de Pittsburgh, Jean Béliveau avec le Canadien de Montréal ou Rod Gilbert avec les Rangers de New-York, il aura passé toute sa carrière avec l'équipe qui lui a offert sa première chance. Suite à sa carrière de joueur, Sakic a également occupé le poste de directeur général au Colorado où il engagea en 2013 à titre d'entraîneur-chef son ancien coéquipier, le tout autant légendaire gardien de but Patrick Roy avec qui il a gagné la Coupe Stanley à deux reprises.

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Maintenant, imaginez si il avait signé ce contrat avec les Rangers de New-York en 1997...


David Leboeuf




Grâce à cette histoire aussi invraisemblable que vraie, le légendaire joueur canadien a disputé toute sa carrière avec la même équipe.


Joe Sakic des Nordiques de Quebec portant le numéro 19. Illustration peinte par l'artiste sportif Eric Sevigny
Sakic a porté les couleurs des Nordiques de Québec de son repêchage en 1987 jusqu'au déménagement de l'équipe au Colorado en 1995

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